1169-1170 - Restitution de la dîme d'Erge par l'évêque dans le cartulaire de Quimper

De GrandTerrier

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L'acte en latin ci-dessous, daté du 30 mars 1169 ou 1170 et inscrit dans le cartulaire [1] de Quimper, constitue la première mention de la grande paroisse d'Ergué.

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La notice, reproduite à la fin du 13e siècle dans le cartulaire n° 56 de l'église de Quimper, énumère entre autres la décision de restituer à l'église d'Ergué la dîme collectée abusivement par l'évêque de Quimper.

Autres lectures : « PEYRON Paul - Cartulaire de l'église de Quimper » ¤ « 1325 - Obit de trésorier concernant Botsinsic en Ergue Gaboric dans le cartulaire de Quimper » ¤ « 1327 - Legs en présence du recteur d'Ergue Gaburic dans le cartulaire de Quimper » ¤ « ROUZ Bernez - Les noms de lieux d'Ergué-Gabéric » ¤ 

Présentation

Folio 4, Cartulaire 56 de la BnF-Richelieu

L'objet de l'acte est d'énumérer les points d'accords arbitrés par l'Archevêque de Tours entre les Evêques et chapitres de Cornouaille sur plusieurs points et chefs : « Quedam littere archiepiscopi de quadam concordia inter episcopum et capitulum corisopitense ».

Le chanoine Paul Peyron en 1901-1909 a effectué une transcription de l'acte, numéroté 16 dans son étude, sur la base d'une copie effectuée par Alfred de Martonne à partir du cartulaire [1] 56 d'origine conservé à la BnF.

Sur la datation en fin de l'accord « III° kalendas Aprilis » qui est imprécise, le chanoine fait cette extrapolation : « Le 3 des calendes d'Avril, c'est le 30 Mars. L'année n'est pas spécifiée, mais on doit la chercher entre l'avènement de Geoffroy, évêque de Quimper en 1168, et la mort de Josse, archevêque de Tours, en 1171, soit l'année 1169 ou 1170. »

Extrait de la transcription latine du passage relevant de la paroisse d'Ergué : « Episcopus decimam de Erge in pace dimittet ecclesie sue, si constiterit legitime eam prius fuisse donatam ad opus ecclesie » (L'Évêque laissa à son église la dîme de Erge pour faire la paix, comme elle était légitimement due avant tout pour les besoins de l'église).

"Episcopus decimam de Erge", Cartulaire 56 de la BnF-Richelieu

La dîme [2] est une redevance en nature exigée par l'Eglise pour assurer l'entretien des prêtres desservants des paroisses et pèse essentiellement sur les produits de la terre (grains, paille, foin, chanvre, etc.). La dîme est prélevée dans le champ, sitôt la récolte terminée, et le jour de la récolte est annoncé au prône [3] de la messe de paroisse, afin que le décimateur puisse procéder à la collecte « à la quinzième gerbe ».

Ici on a affaire à un cas d'école, car Mgr Geoffroy, évêque de Quimper, joue le rôle de gros décimateur avec la seule obligation de ne reverser qu'une « portion congrue » [4] à son recteur. Mais les autorités ecclésiastiques de Tours jugent que, « pour faire la paix » (in pace dimittet), l'évêque doit céder l'entièreté de la dîme au desservant de l'église d'Ergué, « comme elle était due légitimement » (si constiterit legitime eam).

L'orthographe pour Ergué est bien « Erge » (sans accent et sans "u") et désigne la grande paroisse d'Ergué, regroupant Ergué-Armel et Ergué-Gabéric, avant le démembrement en deux entités entre 1170 et l'année 1244 quand apparaît le nom « Erge-Arthmael », alors que la forme « Ergue Gaboric » n'est utilisée qu'en 1325 .

Transcriptions et originaux

Cartulaire 56 (BNF) :

Lieu de conservation :

  • Bibliothèque nationale de France, site Richelieu.
  • Cote LATIN 9891.

Usage, droit d'image :

  • Licence ouverte de réutilisation des données publiques.
  • Décret n° 2017-638 du 27 avril 2017.

Transcription de Paul Peyron :


Facsimile de Bernez Rouz :

Copie A. de Martonne des Archives municipales de Quimper.

Annotations

  1. 1,0 et 1,1 Cartulaire, s.m. : registre qui contient les titres de propriété ou les privilèges temporels d'une église ou d'un monastère. Cartulaire d'une abbaye, d'un cloître, d'un prieuré; cartulaires médiévaux. Source : Trésor Langue Française. Les cartulaires anciens bretons sont essentiellement ceux de Landévennec (9 au 11e siècle), de l'abbaye de Redon (de la fin du 8e au milieu du 12e siècle.), de Sainte-Croix de Quimperlé (11e siècle), de l'Église de Quimper (13e et 14e siècles). [Terme] [Lexique]
  2. Dîme, dixme, s.f. : impôt sur les récoltes, de fraction variable, parfois le dixième, devant revenir au Clergé, prélevé pour l'entretien des prêtres et des bâtiments et les œuvres d'assistance. Son taux, théoriquement d'1/10ème, est généralement inférieur ; il est fréquemment proche d'1/30ème dans notre région (source : glossaire des cahiers de doléances AD29), ou d'1/15ème ("à la quinzième gerbe") lorsque le prélèvement est dû aux Régaires de Quimper. La dîme ne doit pas être confondue avec le Dixième et les Décimes[Terme] [Lexique]
  3. Prône, s.m. : lecture faite par le prêtre, en chaire, après l’évangile, à la grand-messe. Le prône comporte des prières en latin et en français à l'intention des vivants, à commencer par le Roi, et des défunts ; parfois, mais pas toujours, une homélie commentant les lectures du jour ; et enfin une série d'annonces concernant les fêtes et les jeûnes à venir, les bancs de mariage, les monitoires de justice, les ordres adressés par le Roi, etc. On comprend ainsi que ce prône peut être fort long, mais il est essentiel pour la cohésion de la communauté paroissiale et pour la communication du haut en bas dans le royaume. Source : Dictionnaire de l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique]
  4. Portion congrue, g.n.f. : partie des bénéfices revenant à un tiers. Dans de nombreux cas, les grosses dîmes sont perçues par l’évêque, le chapitre, des abbés et monastères et autres bénéficiers, qui sont appelés « curés primitifs » ou gros décimateurs. Ces derniers doivent entretenir le desservant de la paroisse de la paroisse en lui versant une somme fixe, la portion congrue. Source : Dictionnaire de l'Ancien Régime. [Terme] [Lexique]



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Thème de l'article : Un document très ancien en latin mentionnant la paroisse d'Ergué Création : janvier 2008    Màj : 12.07.2023