1941 - Une fête au profit des prisonniers de guerre sous le contrôle de la Feldkommandantur

De GrandTerrier

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En juillet 1941 les habitants d'Ergué-Gabéric, s’inquiétant pour leurs prisonniers de guerre, demandent au préfet et à la Feldkommandantur 752 de Quimper l'autorisation d'organiser une fête à leur profit.

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Correspondance entre la Préfecture du Finistère et la Feldkommandantur conservée aux Archives départementales du Finistère, et mis en ligne dans le cadre du projet de numérisation.

Autres lectures : « 1940 - Le ravitaillement en fourrage de l'armée d'occupation » ¤ « 1941 - Demande au préfet d'un délai pour des impayés de fermage à Quillihouarn » ¤ « 1943 - Amende communale pour insuffisance de livraison de beurre » ¤ « La fresque Kerdévot de Per Corre à la salle Nédélec au Bourg » ¤ « François Balès (1921-1944), résistant » ¤ « Le coup du STO raconté par Jean Le Corre » ¤ 

Présentation

La numérisation de la correspondance entre la Préfecture du Finistère et la Feldkommandantur 752 de Quimper par les services des Archives départementales se poursuit en cette année 2019, avec la mise à disposition de la période allant du 26 juin au 26 novembre 1941.

Ces documents constituent un témoignage direct des conditions de vie sous l’occupation allemande, et incluent entre autres notamment les initiatives des gabéricois pour aider leurs prisonniers de guerre.

Sous la cote 200 W 4 2804, on trouve en effet cette double lettre de début juillet 1941, rédigée en français et en allemand par la préfecture de Quimper, à l'attention de la Feldkommandantur (structure départementale de commandement de l’armée allemande en zone française occupée). On y apprend que le maire d'Ergué-Gabéric a formulé une demande pour organiser une fête dont les bénéfices seront destinés aux prisonniers de guerre français.

Le préfet, Alexandre Maurice George, donne son autorisation pour la fête du 13, veille de fête nationale, mais est tenu depuis la fin juin d'en informer la Feldkommandantur. Et il précise dans son courrier que le comité local va organiser « ein Wohltätigskeitafest zu Gunsten der Kriegegefangenen der Gemeinde abzuhalten. Dieses Fest soll in der Halle Balès von ERGUE-GABERIC stattfinden. » (une séance récréative au profit des prisonniers de guerre de la commune. Cette séance aura lieu Salle Balès au bourg d'Ergué-Gabéric.)

Cette Halle Balès est une salle de spectacle et de bal située au bourg derrière la boulangerie détenue par la famille Balès. Cette boulangerie sera plus tard, en 1944, le lieu d'un événement notable de résistance : c'est dans le four, tout à côté de la salle de fête, que François Balès et ses amis ont brûlé les papiers du STO [1] après le cambriolage quimpérois.

Arrivée des troupes allemandes à Quimper en juillet 1940. Dessin de Pierre Cavellat, Adf 18 Fi 167

La solidarité vis-à-vis des prisonniers de guerre est bien ancrée à Ergué-Gabéric en juillet 1941, car on peut lire dans les entre-filets des journaux d'époque des quêtes organisées à leur profit. Ainsi dans la Dépêche de Brest du 5 juillet, cette collecte organisée lors d'un mariage qui rapporte 95 francs.

Quant à la salle et commerce Balès, repris par la suite par les Nédélec, tout a été complètement démoli lors de l'été 2019, dans le cadre de la rénovation du centre-bourg : cf. photos du chantier ci-dessous.

Transcriptions

Texte en français

Rédigé par M. Nivolon. Dactylographié par J/L/ 1ère Division 1er Bureau. 11 Juillet. FELDKOMMANDANTUR (V) 752

Comme suite à vos instructions du 26 Juin écoulé, j'ai l'honneur de vous faire parvenir ci-incluse, une lettre de M. le Maire d'Ergué-Gabéric, m'informant que le Comité local des Prisonniers de Guerre se propose d'organiser le 12 Juillet courant, une séance récréative au profit des prisonniers de guerre de la commune. Cette séance aura lieu Salle Balès au bourg d'Ergué-Gabéric.

J'ai autorisé cette séance. LE PREFET.

Dépêche de Brest

Dépêche de Brest du 5 juillet 1941.

ERGUE-GABERIC. UN BEAU GESTE EN FAVEUR DES PRISONNIERS DE GUERRE. Au mariage de Mlle Moguer avec M. Le Berre, qui a été célébré récemment à Ergué-Gabéric, une quête a été faite au profit des prisonniers de guerre. Elle a rapporté la somme de 95 fr., qui a été au C.A.S. Vifs remerciements pour ce geste généreux.

Texte en allemand

Ière Division. Ier Bureau. A/S 2804. dn II. Juli I. AN DIE FELDKOMMANDANTUR (V) 752.

Ihren Answeigungen von 26. Juni 1941, entsprechand Übermittle ich Ihnen in der Gemeinde ERGUE-GABERIC erhaltenes Schreiben, vorin mich derselbe in Kenntnis setzt, dass das "COMITE LOCAL DES PRISONNIERS DE GUERRE" (Kriegegefangenen-Komitee) beabsichtigt, an 13. Juli ds. Js. ein Wohltätigskeitafest zu Gunsten der Kriegegefangenen der Gemeinde abzuhalten. Dieses Fest soll in der Halle Balès von ERGUE-GABERIC stattfinden.

Ich habe hierzu meine Genehmigung erteilt. DER PREFEKT.

Iconographie

Annotations

  1. Le Service du travail obligatoire (STO) fut, durant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie, la réquisition et le transfert contre leur gré vers l'Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français, afin de participer à l'effort de guerre allemand que les revers militaires contraignaient à être sans cesse grandissant (usines, agriculture, chemins de fer, etc.). Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO étaient hébergées dans des camps de travailleurs situés sur le sol allemand. À la fin de l'année 1942 ils étaient seulement 240 000. Les autorités Allemandes et Françaises organisèrent alors un recensement général des travailleurs Français et tentèrent d'imposer à tous les inactifs de trouver un emploi. Dans chaque ville importante, un service administratif du STO, dépendant d'une Feldkommandantur, était chargé de gérer les dossiers et de la désignation des « déportés du travail ».



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Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Création : Novembre 2019    Màj : 6.10.2023