BRABANT Charles - Le film Les Naufrageurs

De GrandTerrier

DVD
BRABANT (Charles), Les Naufrageurs, Cinémathèque de Bretagne, StudioCanal, Universal Pictures Video, 1958, 2017 (dvd)
Titre : Les Naufrageurs
Auteur : BRABANT Charles Type : Audio/Video
Edition : Cinémathèque de Bretagne, StudioCanal Note : Noir et blanc
Diffusion : Universal Pictures Video Année : 1958, 2017 (dvd)
Durée : 86 minutes Référence : EAN 5053083124588
Notice Bibliographique

Synopsis du film : en 1852, sur une île bretonne où sévit la famine, Moïra brise le fanal qui signale les écueils. Un navire chargé de vivres vient s'y briser. Il est pillé et les survivants sont massacrés. Seul Gilles échappe à la tuerie : il est caché par Louise qui s'est éprise de lui. La jeune orpheline Moïra, rejeté par les îliens, est amoureuse du jeune pêcheur Yann. Un prêtre et un policier du continent viennent sur place et assistent au dénouement ...

Interrogé par André Espern, Gwenn-Aël Bolloré [1], qui à l'époque était vice-président des papeteries Bolloré, présente ainsi ce film de 1958 dont il est le scénariste et producteur : « Les Naufrageurs, c'est une île qui s'appelle Blaz-Mor, une île qui ressemble étrangement à Ouessant, à Sein, c'est plus haut que les Glénan, une île. Et comme ils n'ont rien à croûter, ils font les naufrages. »

Blaz signifiant à la fois « goût » ou « saveur », mais aussi « odeur » - dans un sens péjoratif (mauvaise odeur), et Mor signifiant « mer », la traduction du nom de l'île peut ainsi être double et présenter la même ambiguïté que ses habitants : « le goût de la mer » où « l'odeur (mauvaise) de la mer ». Cette dualité, voire cette opposition, est très présente dans le film.

Dans le film-interview d'André Espern, Gwenn-Aël Bolloré décrit son rôle dans le tournage des scènes du naufrage [2] : « Dans le scénario le bateau qui ne voyait plus les feux, devait s'écraser du côté de Penmarc'h. Quand on a été pour tourner, personne ne voulait prendre la barre, parce que le type était seul. Tout le monde s'est tourné vers moi, car c'est moi qui avais écrit le scénario. Je me suis déguisé en marin hollandais, avec des bottes et une casquette, et puis j'ai été droit sur les cailloux, il y avait un peu de mer. C'est très impressionnant, puisqu'avec une barre franche, résister à la tentation de tourner la barre pour éviter les cailloux, c'est dur pour un marin. »

Le film est présenté dans le chapitre « Les îles, un monde à part » de la sélection « La Bretagne au cinéma » de Nolwenn et Maria Blanchard [3], du fait du thème de la grande solidarité îlienne contre les autorités civiles et religieuses du continent, désigné comme étant « la Grande Terre ».

La plupart des scènes ont été filmées sur le site de Kerity-Penmarc'h-Lesconil, sur les plages avoisinantes et dans un village construit pour l'occasion près du calvaire de Tronoën. Le manoir de Kerlut en Plobannalec est loué pour l'hébergement de l'équipe de tournage. Le photographe quimpérois Etienne Le Grand fils est présent lors du tournage et ses clichés sont aujourd'hui conservés du Musée de Bretagne de Rennes.

Extraits, Transcriptions
Distribution des rôles :

SCÉNARIO : Gwénaël Bolloré. ADAPTATION : Roland Laudenbach, Charles Brabant. DIALOGUES : Roland Laudenbach. ASSISTANTS RÉALISATION : Jean-Charles Lagneau, Jean Lefèvre. SOCIÉTÉS DE PRODUCTION : Vega Films, Finistère Films. PRODUCTION : Evrard de Rouvre, Gwénaël Bolloré. DIRECTEUR DE PRODUCTION : Georges Bernier. IMAGE : Ghislain Cloquet, Paul Rodier. SON : Séverin Frankiel. RÉGIE : André Chabrol. DÉCORS : Jean-Pierre Thévenet, Jacques Mély. COSTUMES : Francine Galliard-Risler. MUSIQUE ORIGINALE : René Clërec. MONTAGE : Huguette Brabant.

INTERPRÈTES : Henri Vidal (Yann), Dany Carrel (Louise), Charles Vanel (Marnez), Renée Cosima (Moïra), Carl Schnell (Gilles), Alfred Adam (le commissaire), Jean d'Yd (le curé).

Le réalisateur Charles Brabant (1920–2006), grand scénariste et réalisateur, a signé de nombreux films et téléfilms entre 1952 et 1989, dont « La Putain respectueuse » et « Les Aventuriers du Mékong ».

Les acteurs principaux sont l'« Apollon de l'année 1939  » Henri Vidal (jouant Yann Le Coeur), le « comédien exemplaire » Charles Vanel (le vieux Mermez) et l'indochinoise Dany Carrel (Louise). Renée Cosima [4] qui a épousé en 1957 Gwenn-Aël Bolloré, joue le rôle de Moïra la sauvageonne.

Hormis les scènes alimentant l'intrigue et les paysages du bord de mer, on notera avant tout des scènes ethnologiques de dévotion religieuse, avec des cantiques chantés en breton dans une vieille église ou en procession sur les dunes derrière croix et bannières.

Autres lectures : « BLANCHARD Nolwenn et Maria - La Bretagne au cinéma » ¤ « 1958 - Première mondiale du film Les Naufrageurs à Quimper » ¤ « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Moïra la naufrageuse » ¤ « ESPERN André - Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe » ¤ « Etienne Le Grand, clichés du tournage du film "Les Naufrageurs" de Gwenn-Aël Bolloré » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « Le gage d'amour du film "Les Naufrageurs", Détective 1958 » ¤ 

Annotations

  1. Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001) : jeune résistant, écrivain et poète, Gwenn-Aël Bolloré a été vice-président des Papeteries Bolloré de 1952 à 1974, et P.-D. G. des Éditions de la Table Ronde. Ami des artistes, il a entretenu des relations étroites avec le monde littéraire et cinématographique. Amoureux de la mer et correspondant du Musée d'Histoire naturelle de Paris, il a également créé le Musée Océanographique de l'Odet dont il fut le conservateur.
  2. Complément d'infos sur la scène du naufrage du langoustier dans « Anguilles sous Roches, de Men Du à Men Gwen. Histoires cachées des rochers de Lesconil », texte de Jean-Claude Quideau du 31.08.2012 : « Avec mon frère Gérard, on a tourné en tant qu'enfants figurants dans le film. La principale scène tournée à Lesconil fut le naufrage du langoustier remorqué vers la petite crique du Goudoul pour y être sacrifié. Le bateau était bien réel, mais, le jour du naufrage, comme il faisait très beau, les habitants et figurants de Lesconil ont dut hâler le navire sacrifié pour qu'il vienne s'encastrer dans les rochers de la crique. Par la suite, après quelques coups de mauvais temps, et cinquante années plus tard, il ne reste plus rien de l'épave. »
  3. Sélection de 102 films représentatifs du cinéma breton : BLANCHARD (Nolwenn et Maria), La Bretagne au cinéma, Riveneuve, Paris, 2015, ISBN 2-84373-564-5
  4. Yvonne Henriette Renée Boudin, née en 1922 à Neuilly-sur-Seine, et décédée en 1981 à Ergué-Gabéric, est connue sous son nom d'actrice Renée Cosima. Elle épouse, en 1957, l'homme d'affaires Gwenn-Aël Bolloré. Elle joue notamment la sorcière Moïra dans le film « Les Naufrageurs » de Charles Brabant.



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Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Création : Janvier 2018    Màj : 4.09.2023