Conversation avec Marjan et Fanch Mao (1982)

De GrandTerrier

Old-microphone.png

Les conversations ci-dessous ont été enregistrées en 1982 dans la cuisine de Marjan et Fanch Mao. Leur maison était un pennti isolé surplombant la vallée de Stang-Odet et en bordure des bois de la papeterie d'Odet.

MarjanPennti.jpg

Les journalistes en herbe, avec leur magnétophone acheté au Monoprix, étaient Jean Guéguen et Jean Cognard. Comme tout le monde ne maîtrisait pas le breton, la conversation était prévue en français, mais à l'évocation des souvenirs d'antan, Marjan et Fanch ont opté naturellement pour leur langue maternelle.

La transcription ci-dessous est loin d'être achevée, notamment pour la partie bretonne. Toute aide sur le sujet sera la bienvenue.

Autres lectures : « Les chants de Marjan Mao, collectage des Daspugnerien Bro C’hlazig en 1979 » ¤ « Marjann Mao, chiffonnière (Skol Vreizh, 1989) » ¤ « LE ROUX Bernard - Marjan Mao : une chanteuse populaire » ¤ 

Ecole communale

MarjanFanch.jpg
  • (JeG) - Da pelec'h a bez d'ar skol ? [à quelle école allais-tu ?]
  • (Mar) - Pa oa aem 'bar voc'h. [Quand il fallait aller au bourg ?]
  • (JeG) - Pas e Menez-groas ? E oa an skol communale ? [pas à Menez-groas ? il y avait une école communale ?]
  • (Mar) - Nann, ne oa ket kalz plas, ho nann. [non, il n'y avait pas beaucoup de place]
  • (JeC) - Tu allais au Bourg et pas à Lestonan.
  • (Mar) - Ne yen ket d'ar voc'h ivez [On n'allait pas au Bourg non plus.] Je n'avais pas à manger pour aller, ni rien, alors j'allais pas.
  • (JeC) - Tu n'as pas été du tout à l'école ?
  • (Mar) - Si si, quelques jours quoi. Oui des fois il y avait un an j'allais pas aucun jour à l'école.
  • (JeG) - Qu'est-ce que tu faisais alors ? Tu travaillais ? Chom bar' ger ? [tu restais à la maison ?]
  • (Mar) - Chom bar ger ha me mond klask bouet. [je restais à la maison et j'allais chercher à manger]. Chercher à manger puisque j'allais pas à l'école, puisque j'avais rien à envoyer avec moi à manger.
  • (JeG) - De ce temps-là, dans les familles pauvres, il fallait envoyer son pain avec soi. On faisait de la soupe, une espèce de potage, et à midi on trempait son pain.
  • (Mar) - Banne soupen a trempet bara,[Un peu de soupe trempée au pain]
  • (Mar) - Hag a oa la soeur Félicienne, unan voaz mad a oa. Da perag, ma vae voaz mad no ket lavar nije ganin, mond d'ar skol ha trempet tamm bouet hag an tamm bara en ar soupen, me vije d'ar skol bemdez [Et il y avait la soeur Félicienne, une femme bien que c'était. Mais pourquoi si elle était bien elle m'a pas dit et trempé un bout de pain dans le bouillon de la soupe pour moi, j'aurais été à l'école tous les jours]
  • (Mar) - Ma mond ket tamm da gask ganin, me yed de leon d'ar c'heuiou d'ar re all goude merned. Na va interessant ![Si j'avais rien du tout à envoyer avec moi, j'allais pleurer par rapport aux autres toute l'après-midi. Interessant, n'est-ce pas ?]


Vive Blum

MarjanMao.jpg
  • (Mar) - Ni oamp ket laket an holl e vacansou. On nous mettait pas les deux ensemble en vacances.
  • (JeC) - C'était pas des vacances ? elles étaient payées ?
  • (Mar) - Si.
  • (JeG) - Les congés payés duraient combien de temps au départ ? Huit jours ?
  • (Mar) - Oh plus que ça, non ? C'est pas huit jours. Quinze jours, sur.
  • (JeC) - L'usine s'arrêtait 15 jours non ? On vérifiait toutes les machines, mais ceux qui vérifiaient n'avaient pas de vacances.
  • (Fan) - Si, ils prenaient leurs vacances après.
  • (Mar) - Ils prenaient leurs vacances après. Ou bien avant.
  • (JeC) - Quand ça s'est passé les congés payés, juste après la guerre ?
  • (Mar) - Ez eus passet na ? Penn e oa commensed ar congés payés ? Me oar ket. C'hwi oar ? [Les congés, ça s'est passé quand ? Je ne sais pas. Tu sais toi ?]
  • (Fan) - Nann
  • (JeG) - A oa Front Populaire gant Blum, nann ?.
  • (Mar) - Ya, gant Blum. Blum n'eus c'hoed ar congés payés dom. Gouze ne oa "Vive Blum". E oamp copain ganned gouze begen n'eus c'hoet vacansoù dom. C'hwi oar pesseurt bloaz va bet eñ ? [Oui. C'est Blum qui nous a donné les congés payés. On disait alors vive Blum. On était copain avec lui puisqu'il nous nous avait donné des vacances. Vous savez quelle année ça s'est passé ?]
  • (JeG) - 1936.
  • (Mar) - 1936 ? Da oa goude ar maro da Bolloré. Bollore war maro e 1935 ? [C'était l'année de la mort de Bolloré. Bolloré est mort en 1935 ? ] 1935 peut-être, fin de l'année.
  • (JeG) - C'était pas en février 1935 ?.
  • (Mar) - Ne oa ket 1936. Fin o bloaz. [C'était pas en 1936. En fin d'année.] 1935 peut-être, fin de l'année peut-être.
  • (Fan) - Me oa sampsed gant Finn ... [J'étais ensemble avec Finn ???]
  • (Mar) - (Pevar gad o oa ?) ... [???]


Pain de guerre

  • (Mar) - Oh, la guerre 14 a été terrible. Oh ma doue !
  • (JeG) - Comment était le pain ? Na oa ken bara seigl ? [Il n'y avait que du pain de seigle ?]
  • (Mar) - Pendant la guerre 14 ? Me meus debred bara gwinnich[j'ai mangé du pain de froment, un peu.]
  • (Fan) - Lode re [Certains en faisaient]
  • (Mar) - Bar parc bronnig. Me war ba dec'hed mad. [A parc bronnig (à la sortie de Quélennec vihan). J'étais bien là.]
  • (JeG) - Pelec'h ya da gehed ? [Où alliez chercher le pain ?]
  • (Mar) - Wi oa kerhed bara da Poul ar Raniket, ban ti Lozac'h pennag.[On allait cherché le pain de Poul ar Raniket, avenue de la Libération de Quimper, à la maison d'un Lozach]
  • (Mar) - Ar re a ye all da gehed bara, gant charaban[Ceux-là allaientchercher du pain, à charaban]
  • (Mar) - A var graet kalz bara [ils faisaient beaucoup de pain]
  • (Mar) - (Bez a oa tikijoù) [Il y avait des tickets]
  • (JeG) - Ah bon ?
  • (Mar) - Y'a var ket bara giz vo c'hond [Il n'y avait pas du pain comme on voulait]
  • (Mar) - Bara seigl ve graet miniour. Ve poet e Sant-Guenole bar' forn. [du pain de seigle il y en avait bien plus. Il était cuit au four de St-Guénolé.]
  • (JeC) - Vous, vous achetiez le pain ?
  • (Mar) - Non on faisait un pain comme ça, et on l'emmenait ici.
  • (JeG) - Dans les fermes ils achetaient donc de la farine. Et ceux qui travaillaient à l'usine, comment ils faisaient ?
  • (Mar) - Je ne sais pas. Ils avaient un peu de pain à Ti-Ru sans doute avec le boulanger. C'est pas avec ton père ?
  • (JeG) - Me dad a oa bar breizhel ? [mon père était parti à la guerre]
  • (Mar) - Ya.
  • (JeG) - Mon père a fait la guerre aussi. Papa a pris la boulangerie en 1912. Je ne sais pas s'il y avait quelqu'un là pendant la guerre.
  • (Mar) - Je ne sais pas où il y avait du pain avant.
  • (JeG) - Marianne Niger me disait qu'on faisait cuire du pain à Ti-Koad. Chez Marguerite il y avait un four aussi.
  • (Mar) - Chez Marguerite Verr alors.
  • (Fan) - Du pain de seigle.
  • (JeG) - Le bara gwinich on le faisait peut-être venir de Quimper ?
  • (Fan) - Ban Ty-ru ven keched [A Ti-ru on allait chercher]
  • (Fan) - Bara gwinnich d'ar sul [Le pain de froment le dimanche]
  • (Mar) - War maez viz ket graet bara gwinich dan dud e bemdez, ken d'ar sul[à la campagne on ne donnait pas du pain pour les gens tous les jours, le dimanche seulement.]
  • (JeG) - Pep heneñ a re e doaz[chacun faisait sa pâte.]
  • (Mar) - Kassed bara da gouet [On envoyait du pain à cuire]
  • (JeG) - On mettait cette pâte dans un sac en toile et puis hop ! On mettait au four. Ils arrangeaient la galette et on la mettait à cuire.
  • (Fan) - Dans toutes les fermes il y avait un four, partout.
  • (Mar) - Presque
  • (JeC) - Où vous, vous faisiez le pain finalement ?
  • (Mar) - Chez Feunteun à Quélennec (Parc ar bronnig)
  • (JeC) - Combien de fois par semaine ?
  • (Mar) - Oh une fois. On faisait un grand et il durait toute la semaine. On le mettait dans une toile sur le bout de la table.
  • (JeC) - C'était sacré !
  • (Mar) - Wechou e oa dav mont da laers eun tammig [Parfois il fallait aller voler un petit morceau]


Kig sal

  • (JeC) - Qu'est-ce qu'on mangeait autrement ?
  • (Mar) - De la bouillie, galettes, de la bouillie.
  • (JeC) - De la bouillie d'avoine ?
  • (Mar) - Non, la bouillie d'avoine, il n'y avait pas là. On était trop paresseux pour faire de la bouillie d'avoine.
  • (JeG) - Pas de poisson ?
  • (Mar) - Oh non. Pas de poisson, pas de ragoût, jamais, pas de rôti, pas rien, rien rien rien.
  • (Fan) - Il y avait que du lard, que de la graisse salée.
  • (JeG) - De la graisse salée quand on tuait le cochon ?
  • (Mar) - Il y avait de toute l'année, toutes les mouches autour, toutes sales.
  • (JeG) - Dans les cuisines des fermes on mettait la masse de la graisse salée sur une planchette.
  • (Mar) - Et puis les andouilles dans la cheminée....
  • (JeG) - Il n'y avait pas de viande ?
  • (Mar) - Mallouch Poupon e Menez-Groas, tad honnezh, n'em doa lakeet da laou saout koz evit tamm kig. Matre traou klaon. Tamm kig beven, tamm tamm charitel. [Le père de Mallouch Poupon de Menez-Groaz s'était mis à tuer des vieilles vaches pour un peu de viande. Peut-être des vaches malades. Un peu de viande de boeuf, un peu de charité. ]
  • (Mar) - N'on yen da gec'hed d'ar souben, laver ... [On allait chercher pour la soupe, ... (???) ]
  • (Mar) - An tamm kig sal bar' souben ne oa ket kalz dra [Un peu de viande salée dans la soupe ce n'était pas grand chose.]
  • (Mar) - Gouze ne oa poued ban dour, n'eo ket blaz netra[C'était cuit dans leau, ça n'avait pas de goût.]
  • (Fan) - Pommes de terre et puis de la bouillie.
  • (Mar) - Me zebret ket kig sal, Me zebret ken laez, avalou-douar, da zebret de mern. [Je mangeais pas de viande salée, je buvais seulement du lait, des pommes de terre pour le déjeuner.]
  • (Mar) - Me zebret ket kig sal, ar re n'o kig sall, debri ken laez.[Je mangeais pas de viande salée, je supportais pas, je buvais seulement du lait.]
  • (JeG) - Ne Poa ket droit da zebri kig sall ? [Tu n'avais pas le droit au kig-sall]
  • (Mar) - Ne oamp ket gouest [Je ne pouvais pas.]
  • (Mar) - Jamais j'ai pu manger ça. Des fois on me mettait pour aller tôt aux champs avec le vieux, des fois il allait conduire les chevaux. On me mettait un pain et puis un kig sal dedans. Hag an tamm kig sal dreist ar c'hleuñ. [Et le morceau de kig-sall je le balançais par dessus le talus.]
  • (JeC) - T'aimais vraiment pas ça ?
  • (Mar) - Non. Je mangeais mon pain sec. Là c'était costaud. Il y avait rien dans mon ventre.


Chann Ti Ru

  • (JeG) - Et à Ti-Ru comment c'était alors ? Chann Ti-Ru était là quand vous vous êtes connus ?
  • (Mar) - Oui, Chann Ti-Ru. Ho tad viz kask bara d'an Chann-Ti-Ru. [Oui, Chann Ti Ru. Ton père allait porter du pain à Chann-Ty-Ru.]
  • (JeG) - Ya, me meus gwelled ivez. [moi je l'ai vu aussi.]
  • (JeC) - C'était l'épicerie ?
  • (JeG) - Oui, et on avait un dépôt de pain là. Je me rappelle en 1930 et quelques, avec une grande charrette à bras on descendait de la boulangerie à Ti-Ru.
  • (Mar) - A Ti-Ru il y avait beaucoup de monde qui commandait du pain.
  • (JeG) - Tous les ouvriers au fond.
  • (Mar) - Oui.
  • (JeC) - Pourquoi on l'appelait Ti-Ru ?
  • (JeG) - La maison était peinte en rouge.
  • (Mar) - Ah Oui . C'est pour ça ? Vous croyez ?
  • (Fan) - Oh, si, si.
  • (JeG) - Moi j'ai vu cette maison peinte en rouge toujours.
  • (Mar) - Oui moi aussi.
  • (JeG) - Je n'ai jamais demandé, mais pour moi je pense que c'est pour ça.
  • (Fan) - Il y avait beaucoup de pensionnaires là-dedans, beaucoup.
  • (Mar) - Koulskoude ne oa ket plas [cependant il n'y avait pas de place]
  • (JeC) - Ca appartenait à l'usine et les ouvriers habitaient là ?
  • (Mar) - Non, ils mangeaient là à midi et puis, le soir, ils retournaient chez eux.
  • (JeC) - C'était une cantine ?
  • (JeG) - Une cantine, si l'on veut. C'était surtout les gens des bureaux qui mangeaient là. C'était un vrai bazard. Il y avait du pain, de la viande ...
  • (Mar) - Oui, tout, il y avait.
  • (JeG) - C'était un bistrot évidemment. Il y avait du tissu aussi.
  • (Mar) - Oui, du tissu, des sabots, tout, tout, tout.
  • (JeG) - Alors ça marchait très bien. A la sortie de l'usine hop tout le monde allait à Ti-Ru. Chann eus graet des affaires. [Chann a fait des affaires.]
  • (Mar) - Oh ya


Centenaire

  • (JeC) - Qu'avez vous pu voir au centenaire ?
  • (Fan) - Le feu d'artifice le soir.
  • (Mar) - Du cinéma le soir aussi. Des danses il y a eu aussi.
  • (JeC) - Ca se passait dehors ?
  • (Mar) - Dehors oui.
  • (Fan) - Où c'est le musée maintenant.
  • (Mar) - Vous n'avez pas vu les cartes de la fête du Centenaire.
  • (JeC) - On arrive plus à les trouver. Il paraît qu'il y en a eu beaucoup. Vous n'en avez pas ?
  • (Mar) - Mais si, moi j'ai été chercher à Vruguic pour montrer à ceux de Mélennec. Vous n'avez pas Jean ?
  • (JeG) - J'en ai vues beaucoup, mais je n'en ai pas. Me m'eus welet [J'en ai vues.]
  • (Fan) - Ca a duré huit jours. Ils avaient caché du vin dans la rivière, dans le ruisseau, dans le bois, partout.
  • (JeG) - On pouvait prendre des bouteilles comme on voulait.
  • (Mar) - Tiens. Les 80 ans de Mme Bolloré mère. Gouze frikou de René Bolloré coz [Ensuite les noces de M. Bolloré père]]. Là il y a toutes sortes de choses, tu vois.
  • (JeG) - On faisait des courses aussi ?
  • (JeG) - Ca, c'est la route quand on quitte le Bourg pour aller sur Ti-Koad.
  • (Mar) - Oui.
  • (JeG) - Et ça c'est où ?
  • (Mar) - Amañ ? Na zo ba sal ar bleut. Pelec'h ema ?[Ici ? C'est la salle de la farine. Où c'est ?] En dessous de l'escalier de pierres. Amañ e oa sall ar bleut, na oa ket electricet.[A la salle de la farine, il n'y avait pas d'électricité. ] Eclairage au gaz.
  • (JeG) - Ca, c'est le repas du centenaire ?
  • (Mar) - Ne oa ket. A vi repas gant Les 80 ans de Mme Bolloré mère.
  • (Mar) - Emañ ema ar médaillés. [Ici ce sont les médaillés. ]
  • (Mar) - Amañ n'onzon ket. [Je ne sais pas qui c'est.]
  • (Mar) - Moi je connais beaucoup de gens dessus.
  • (JeG) - Marianne Niger nous a dit qu'ils avaient été accueillir le patron à Kroaz-Ru.
  • (Mar) - Sell pegement charabanoù war blasen. [Regarde combien de charabans sur la place]
  • (JeG) - Ca c'est la Fête-Dieu.
  • (Mar) - Les coiffes toutes sales. Des coiffes pour aller travailler, pendant longtemps c'était comme ça. On voyait plus les couleurs qu'elles avaient. Marie, moi je l'ai vue aller travailler avec une coiffe. Là il y avait du travail à repasser.
  • (JeG) - Voici la sortie de la messe de la chapelle.
  • (JeC) - Il n'y avait pas de joueurs de binious ?
  • (Mar) - Nann ne oa ket surouac'h. [Non je pense pas qu'il y en avait]
  • (JeC) - Il y avait un manège aussi ?
  • (JeG) - Voilà le cinéma. Dehors en plein air.
  • (Mar) - Amañ al lissa evit ober ar cinema [Voici le drap pour faire le cinema.]
  • (Fan) - Moi j'ai été voir. Mais je suis pas resté longtemps. On est allé juste boire un petit coup, quand on avait fini notre boulot à la ferme de Mougueric, à côté de l'usine. Avant de se coucher on a été faire un petit tour.
  • (Fan) - Il était pas marié alors. En 1924, il est rentré à l'usine.
  • (JeG) - Voilà M. Garin. Et Laors ar Gall.
  • (Mar) - Eñ zo Rolland surouac'h. Eñ va tad da wraech da Garin koz. [Celui-ci c'est Rolland, c'était le père de la femme du vieux Garin.] Remarque : c'est faux car il était le beau-père de Pierre Eouzan.
  • (JeG) - Celui-ci a des cheveux longs.
  • (Mar) - N'eo ket bleo hir, e zo favouris. [Ce ne sont pas des cheveux longs, mais des favoris.]
  • (Mar) - Nann. Eñ zo Rannou. Eñ zo Laors ar Gall. Emañ all zo Briant. [Celui-ci est Rannou. Celui-ci est Laors ar Gall. Celui-ci est Briant.]
  • (JeC) - Et la descente de l'Odet, c'était quand ?
  • (Mar) - Na ouzon pesseut bloaz. [Là je sais quel mois.]En mai 1927 on a fait la descente de l'Odet. On a mangé à Bénodet.
  • (Fan) - Paid mern [Repas payé.]Mais Fanch et moi on n'a pas eu le droit de venir le même jour. Et il a été obligé d'aller dans le car car le bateau était en panne.
  • (JeG) - Il n'y avait pas assez de place pour tout le monde ?
  • (Mar) - Oui. Et en camion (= car) qu'il a du aller.


Kroas-ar-Gac

  • (Mar) - A Kroas-ar-Gac, il n'y avait pas de route encore. C'est ça qui est pire.
  • (JeC) - Ah bon !
  • (Mar) - En face de chez toi il n'y avait pas moyen de mettre les pieds nulle part.
  • (Fan) - Ouh là. Fallait aller à travers champs.
  • (JeG) - La route, c'était une garrenn [chemin creux] dans le temps.
  • (JeC) - Une garrenn [chemin creux] qui allait à Quélennec ?
  • (Mar) - De la Sainte Vierge jusqu'à ce qu'on descend chez Istin, il n'y avait pas moyen d'aller par la route.
  • (JeC) - Il y avait une route, mais il y avait de la boue ?
  • (Mar) - De la boue oui.
  • (JeG) - Avec les charrettes qui creusaient avec leurs roues.
  • (Mar) - Toutes les roues là-dedans, tout, tout !
  • (JeG) - Et la Sainte Vierge, elle est là depuis longtemps ?
  • (Mar) - Moi je la vois tout le temps là depuis que je suis née. Avant il y eu une croix encore, un calvaire, sur le talus de Per Bihan, en face de la Sainte Vierge.
  • (Fan) - Près du toul-karr.
  • (JeG) - Il y avait un calvaire là aussi ?
  • (Mar) - Catherine de Vruguic elle dit ça qu'il y avait un calvaire là.
  • (JeG) - Il a disparu comment ?
  • (Mar) - On n'a pas su. Moi je sais pas.
  • (JeG) - Kroas-ar-Gac était une croix faite par un Monsieur Le Gac alors ?
  • (Mar) - Ya. Catherine kontet an dra-se mad. Hi neus sonjet na tout[Catherine savait bien raconter ça. Elle se rappelle de tout.]
  • (JeC) - D'où venait ce Le Gac ?
  • (Mar) - Eñ no graet na, me chans e oa Le Gac, n'ouzomp ket. [Celui qui l'a fait, il y a des chances que se soit un Le Gac. Je ne sais pas.] On sait pas d'où il venait, on n'a jamais su d'où. Il y avait peut-être un Le Gac à Ty-Glaz ?
  • (JeG) - Maintenant c'est trop tard, mais peut-être qu'on aurait du demander il y a quelques années à Marjan Le Naour, peut-être qu'elle savait.
  • (Mar) - Ah oui. Honnezh en doa penn. Ma doue, me n'ouzomp ? penn d'e wellet anezhi ar mod-se, abaoe emaon amañ, abaoe e oan ganet, bihan tre. [Celle-là c'était une tête. Mon dieu, je l'ai toujours connue comme ça, depuis que je suis là, que suis née, toute petite.]
  • (Mar) - Med honnezh zo bet eskanted. Aze oa penn ar mab, e oa bet breved gand tud n'int lakaet da ober sot. [Mais la statue a été esquintée. Il y avait une tête au fils, et elle a été cassée par des gens qui se sont amusés à faire du mal.]
  • (JeC) - Qui était blessé ?
  • (Mar) - Le Jésus n'a plus de tête. On l'a mis dans la route et maintenant on la trouve plus, peut-être qu'elle est mise dans la boue et on a construit la route dessus.
  • (JeG) - Et bien, je ne savais pas qu'il y avait là un calvaire.
  • (Mar) - Si, si, Catherine dit ça. Moi je l'ai pas vu, mais j'ai vu des marches quand même.
  • (Fan) - Après, Mme Charruel a pris la Sainte Vierge.
  • (Fan) - Oui Mme Charruel a emporté la Sainte Vierge avec elle, de Croas-ar-Gac.
  • (Mar) - Mais elle a été obligée de la remettre.
  • (JeG) - C'est pour ça qu'on a mis des barreaux ?
  • (Fan) - Oui. Et on l'a mise de l'autre côté.
  • (Mar) - De l'autre côté ? Mais non, à la même place. Mais il y avait un petit coin comme ça avec des cailloux.
  • (JeG) - Maintenant c'est bien fait.
  • (Mar) - C'est bien fait mais il va tout tomber. Là ça se casse. Puisque eux ils ont mis des fers qui rouillent et qui cassent les pierres de taille.
  • (Fan) - C'est Robert et puis Jean-Marie Quéré qui ont fait ça.
  • (JeG) - Sur le compte de l'usine alors ?
  • (Fan) - Ah oui.


Machines à papier

  • (JeG) - Où qu'elle était celle la ?
  • (Mar) - Bah... Didañ ar meiliou [sous les moulins?].
  • (Fan) - Petra lara ma e brezhoneg, ar mac'h [comment dit-on en breton ? le cheval ? ].
  • (Mar) - Ti ar marc'h, oa war lec'h, met aze oa ket. a oa ur roud all a-raog. [la maison du cheval, c'était après, mais pas la. C'était une autre?? roue avant].
  • (JeG) - Elle marchait à l'eau, quoi, à l'eau qui venait du canal ?
  • (Fan) - Oui, avec une grande courroie.
  • (JeG) - Et c'est celle la qui faisait marcher la machine 1 ?
  • (Fan) - Oui, ou bien les cylindres, ar meiliou.
  • (Fan) - Ya. Elle était dessous.
  • (JeG) - Meiliou, c'est ce qu'on appelle "la pile de la raffineuse".
  • (Mar) - ..Gwaz ...., Tad an Tande a zo bet lazhet n'eo ket ? [?Le mari de ..., le père Tandé a été tué n'est-ce pas?].
  • (Fan) - ... eo maro... [...il est mort...].
  • (JeG) - La machine 2 est arrivée pendant la guerre ou après la guerre ? Tu te rappelles pas, non, Fanch?
  • (Mar) - ..Hennez eo ar mekanik koz ? [C'était la vieille machine?].
  • (JeG) - An hini all. A côté du château.
  • (Fan) - Ah, celui-la, je...
  • (JeG) - Tu t'rappelles pas? Tu t'rappelles pas, non?
  • (Fan) - Ah, non, pas de celui-la, non.
  • (Fan) - ... Hennez a oa a-raok, neuze oa aet da veil?? ... [Celle-là était avant, ensuite elle a été convertie en moulin...].
  • (Mar) - ... gouze an hini koz, hennezh zo bet bannet kuit, lakaet unan nevetoc'h war lec'h ar brezel... [?Ensuite la plus vieille a été jetée, on a mis une plus récente après la guerre...].
  • (Fan) - ...gant ar chrañvaz du-se....deux baquets..ar meil... des déchets ... [Avec la brouette là-bas... deux baquets?].
  • (Mar) - ... ??? ... [???].
  • (Fan) - ... ??? ... [???].
  • (Mar) - ... ??? ... [???].


Piano mécanique

  • (JeG) - Et quand vous étiez jeunes, le dimanche, qu'est-ce que vous faisiez pour vous amuser ?
  • (Mar) - Quand on était jeune ? Des fois on allait promener, des fois on restait ici, va.
  • (JeG) - Et comment on s'amusait ? Vous alliez voir le piano mécanique chez Chann Deo ?
  • (Mar) - Ar wechou, wechou all ez eomp da Vrieg, ti moereb Malouch. Klevet zo bet kaoz moereb Malouch, piano mécanique ? [des fois, d'autres fois on allait à Briec chez la tante Malouche. T'as entendu parler de tante Malouche, piano mécanique ?]
  • (Fan) - Un vieux piano mécanique. On allait tout le temps.
  • (Mar) - Boum, boum, boum
  • (JeC) - Bras dessus, dessous. Et on dansait ?
  • (Mar) - Ya. Mont da Vrieg war-troad ha dont d'ar gêr an dro.[Oui. On allait à pied à Briec et on revenait après à la maison..]
  • (Fan) - On a été chez Chann Deo souvent. On mettait des sous dedans. Chann Deo était fière.
  • (Mar) - Gouze e oa trouz eun tammig aze [Ensuite ça faisait un peu de bruit]
  • (Fan) - Deouep-deouep-deouep
  • (JeC) - Et le dimanche on allait à la messe au Bourg ou à l'usine ?
  • (Mar) - A l'usine plus souvent. C'était plus près. Là il y avait une toute petite chapelle, il n'y avait pas de la place pour la moitié des gens dedans.




Tamponsmall2.jpg
Thème de l'article : Mémoires des anciens gabéricois. Création : 1982    Màj : 25.01.2024