Etude topographique et historique des chemins d'Ergué-Gabéric au 16e siècle

De GrandTerrier

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Norbert Bernard, alors qu'il était actif dans la publication des mémoires de Jean-Marie Déguignet, a présenté en 1997 une thèse à l'UBO dans laquelle il étudie l'évolution des chemins gabéricois depuis le Moyen-Âge, en se focalisant plus particulièrement sur le 16e siècle.

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L'article ci-dessous propose un dernier chapitre en guise de zoom sur les villages au nord de la commune composant le fief de l’Évêque.

Autres lectures : « BERNARD Norbert - Chemins du Ve au XVIIe siècle à Ergué-Gabéric » ¤ « HÉVIN Pierre - Matières féodales et coustume de Bretagne » ¤ 

Présentation

La thèse de Norbert démarre par une belle citation du chanoine Jean-Marie Abgrall : « Il s'est créé une légende prétendant que, au moyen-âge et même au XVIe siècle et au XVIIe il n'y avait chez nous nul chemin entretenu, nulle voie carrossable, et que ce n'était partout que bourbiers et fondrières ... ».

Le travail de l'historien consiste à rechercher dans les aveux et documents anciens des indications sur la structuration de l'espace et des voies de communication.

Il ébauche un travail de cartographie pour comparer l'état des chemins vers 1550 et au début du 19e siècle.

Il établie également une représentation cartographique des domaines et mouvances seigneuriales au 16e siècle où l'on distingue les domaines suivants :

  • Les fiefs principaux historiques de Lezergué, Kerfort et Kergonan.
  • Les fiefs secondaires de Keristin, Pennerven.
  • Le fief des Régaires autour de Quilhouarn [1] : cf explications du dernier chapitre ci-dessus
  • La mouvance de l'Evêque autour de Cleuyou dépendant également des régaires [1].
  • Les mouvances dépendantes de fiefs seigneuriaux extérieurs à la commune comme Qistinic, Le Juch, Botbodern.
ABGRALL, "Quelques bornes routières du temps du duc d'Aiguillon" [2]

Cartes principales

(page 83) « Nous avons tenté de représenter la répartition des terres des différentes seigneuries aux environs de 1540. Non seulement celles dont le chef-lieu était situé dans la paroisse d'Ergué-Gabéric, mais des seigneuries (dont le régaire [1] de Cornouaille) ayant une partie de leur domaine et/ou de leur mouvance sur le territoire de celle-ci. Nous n'avons pas calqué le réseau des relations entre les seigneuries et leurs terres sur la carte de la voirie. Néanmoins, la dispersion et l'éloignement parfois important entre la seigneurie et certains de ses membres, ainsi mis en évidence, témoignent de la possible importance qu'a pu représenter la voirie dans la gestion de la seigneurie. On notera ainsi l'éloignement entre le manoir de Kergonan et ses possessions au Lec et à Kerellou, Pennerven/Quénéchcongar et les siennes à Lézouanach et Kernaon, de même que la dispersion des terres du régaire [1] en deux ensembles autour de Quillihouarn, d'une part, et du Cluyon (« Cleuziou / Cleuyou »), de l'autre, ou encore la distance séparant les domaines dépendants de la seigneurie briécoise de Quistinic autour de Tréodet et les mouvances de la même seigneurie aux environs de Kerdévot.

On pourra en conclure que certains seigneurs ont pu participer à la gestion et l'entretien des chemins, bien au-delà de la simple création d'allées ornementales partant de leurs manoirs, pour une meilleure irrigation de leur seigneurie, notamment par la fonction d'exploitation agricole de celle-ci. Cependant, les manoirs n'apparaissent pas non plus le centre de micro-réseaux, tout au moins au regard du cadastre napoléonien. On notera ainsi le relatif éloignement de Pennerven (ancien manoir de Quénéchcongar) par rapport au reste de la voirie. Il faut aussi remarquer que les paiements de fermes, tailles et rentes ne se faisaient pas toujours au chef-lieu seigneurial. c'est ainsi que le paiement de rentes au seigneur de Kergonan s'effectuait à Kerdévot, dans une trève où cette seigneurie n'avait pas de possessions. »

Ergué-Gabéric aux environs de 1550 :

page 80

Voirie d'Ergué-Gabéric au début du XIXe siècle :

page 82

Terres de seigneuries gabéricoises au début du XVIe siècle :

page 85

Le Fief de l’Évêque

Trois villages gabéricois cités par Pierre Hévin dans sa célèbre plaidoirie du 15 décembre 1693 au Parlement de Bretagne : « Kermorvan », « Kerougan (probablement Keranguéau [3]) et « Kernechriou ou Kernerpiriou » (ou Coat-Piriou [4]). D'après l'avocat d'autres villages d'Ergué-Gabéric étaient détenus par l’évêque : « trois anciens comptes du revenu de l'Evêché des années 1459, 1509 et 1533 dans lesquels le Receveur se charge des rentes dûës dans cette Paroisse d'Ergué-Gabéric, et entr'autres sur ces mêmes Villages ».

En 1780 le géographe Jean-Baptiste Ogée citera aussi ces villages « trois villages de Kermorvan, de Kernechiron et Kerougan » dans son « Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne ».

  • Dans le rôle des fouages [5] de 1426 il est question pour une partie de la paroisse d'Ergué-Gabéric du « Fief de l'Evêque » où les roturiers des villages de « Kernech Ergué » (Creac'h-Ergué) et de « Kerlehoarn » (Quillihouarn) sont exemptés de fouage [5].

Page 117 de son mémoire, Norbert Bernard donne un inventaire des villages déclarés dans la série G des Archives Départementales du Finistère relatives au Clergé séculier, et plus précisément en sous série 1G « Evêché de Cornouaille » :

  • 1 G 85 : Le Cleuziou [Cluyon], 1562-1779.
  • 1 G 85 : Kerellan, 1489-1774.
  • 1 G 93 : Pré Pontéven, Parc-Pont-Odet, 1675-1679.
  • 1 G 124 : Kerurvoas, 1724-1786.
  • 1 G 132 : Tenue de Saint-André à Cutuillic ; Créac'h-Ergué Izellaf, 1540-1774.
  • 1 G 134 : Quillihouarn, 1540-1779.
  • 1 G 135 : Kerho, la Salle Verte, 1563-1774.
  • 1 G 136 : Kerouquéau, 1540-1774.
  • 1 G 137 : Kermorvan, Kerabas et Kerurvoas, 1541-1758.
page 85

Annotations

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Régaires, s.m.pl. : administration en charge du domaine temporel d'un évêque, propriétaire et seigneur, au même titre que l'aurait été n'importe quel noble propriétaire d'un fief avec justice. Le plus souvent, ils provenaient de donations anciennes faites au cours des âges par des féodaux, qui souhaitant sans doute s'attirer des grâces divines ou se faire pardonner leurs péchés, avaient doté l'église de quelques fiefs avec les revenus en dépendant. Source : amisduturnegouet sur free.fr [Terme] [Lexique]
  2. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, t. XLIII, 1916, p. 292.
  3. Kerouquéau et Kerougan sont vraisemblablement deux formes anciennes du lieu-dit aujourd'hui orthographié Keranguéo
  4. Dans un document de 1682 portant sur un inventaire des possessions gabéricoises du seigneur de Coëtlogon, il est écrit « village de Kerneriou, ou Coet piriou
  5. 5,0 et 5,1 Fouages, s.m.pl. : impôt direct perçu sur les roturiers possesseurs de biens roturiers. Parfois appelé « tailles et fouages ». À cet impôt, perçu par une administration royale, les États ont ajouté au 17e siècle des fouages extraordinaires qui servent à financer leur fonctionnement et que le Tiers État considère comme une avance faite par lui seul (« Glossaire des cahiers de doléances », AD29). L'imposition se base sur le feu, c'est-à-dire l'âtre autour duquel sont rassemblés le chef de famille et ses enfants. Seul le nom du chef de famille est indiqué dans les registres. En Bretagne sous l'Ancien Régime, le fouage est un impôt provincial, une taille réelle levée sur les feux roturiers par le duc à partir de l'an 1365. (Wikipedia). En Bretagne en 1426 une enquête, appelée Réformation des fouages, est diligentée par les autorités pour déterminer le nombre des imposables dans chaque paroisse et la liste des exempts pour raison de rattachement à un domaine noble. [Terme] [Lexique]



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Thème de l'article : Fonds de cartes communales Création : décembre 2009    Màj : 24.08.2023