Gustave Guéguen, recteur (1941-1956)

De GrandTerrier

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Fiche d'un prêtre en exercice à Ergué-Gabéric (bio, mandature, nécrologie ...)

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Autres lectures : « Liste des prêtres nommés à Ergué-Gabéric » ¤ « 1941-1956 - Le journal-registre paroissial du recteur Gustave Guéguen » ¤ « Journal paroissial du recteur Gustave Guéguen, extraits 1941-47 » ¤ « Gustave "Person bragou ruz" raconté par Jean Guéguen et l'abbé Pennarun » ¤ « Les années difficiles 1940-1945, témoignage de Jean Guéguen » ¤ « KERGOURLAY Guillaume - Le pays des vivants et des morts » ¤ « Bénédiction de la statue St-Jacques à St-André, Progrès du Finistère 1942 » ¤ « 1954 - Lettre d'un prêtre d'Issy-les-Moulineaux au recteur Gustave Guéguen » ¤ « 1946-196x - La tarification des cérémonies religieuses de secondes classes » ¤ « 1937-1946 - Interdiction de bals pour les tenanciers de salles de danses » ¤ 

Présentation

Extrait de la liste des prêtres décédés et ordonnés de 1801 à aujourd'hui (Archives de l'Évêché, màj 2008) :

Guéguen Gustave : Né le 13-03-1889 à Corlay (22) ; 1913, prêtre, surveillant à l'école St-Yves de Quimper ; 1914, vicaire à Tourc'h ; 1919, vicaire à Argol ; 1923, vicaire à Audierne ;1930, vicaire à Plabennec ; 1933, aumônier de l'hôpital civil de Brest ; 1937, recteur de Clohars-Fouesnant ; 1941, recteur Ergué-Gabéric ; décédé le 13-06-1956.

Etude : SR 1958 p. 522-524.


Période gabéricoise :
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de 1941 à 1956. Surnommé « Gustave » par tous ses paroissiens, il a marqué son époque. Tient un journal où il note tout, y compris ses appréciations sur ses contemporains.

Nous n'avons de lui qu'une seule photographie où, l'air grave avec son habit sacerdotal rutilant, il accueille ses paroissiens dans son église St Guinal. Dommage qu'on n'ait pas conservé un cliché de lui en pantalon de jardinier, de couleur brique, qui lui valut le surnom de « Person bragou ruz » (le recteur au pantalon rouge).

Nécrologie

Nécrologie résumée (cf texte complet ci-dessous dans la Semaine Religieuse de septembre 1958) :

Né le 13/03/1889 à Corlay (22), famille originaire de Locronan, ordonné prêtre en 1913, vicaire à Tourc’h, à Argol, à Audierne, à Plabennec, aumônier de l’hôpital civil de Brest, recteur à Clohars-Fouesnant, il fut nommé recteur à Ergué-Gabéric en 1941. «  Il est sûr que c’est presque une tautologie et un pléonasme de dire que Mr Guéguen - j’allais écrire « Gustave » comme tout le monde - fut l’une des figures sacerdotales les plus originales du diocèse. Car il était l’originalité «  incarnée », dit un de ses condisciples dans la Semaine Religieuse.

Recteur d’Ergué-Gabéric pendant 15 ans, après Clohars-Fouesnant, on y avait mesuré à son aune ce « prêtre remarquable par la finesse de son esprit, la vivacité de son intelligence, sa culture, son goût artistique, son éloquence captivante, ses dons de conteur et l’humour avec lequel il narrait ses histoires ». Il fut « le pasteur courageux, toujours en éveil pour signaler les dangers de perversion, condamner les abus, préserver les âmes du pêché et assurer leur salut ».

Il est décédé le 13/06/1956 à Ergué-Gabéric ; le dimanche précédent, il avait officié comme de coutume et présidé la procession du Saint Sacrement à Odet. Le lundi, il célébrait encore la messe. Et voilà que le mercredi après-midi, après avoir reçu l’Extrême-Onction et le Saint Viatique, il quittait ce monde.

Semaine Religieuse de septembre 1958, pages 522-524 :

Mandature

Gustave, pendant sa période gabéricoise, tenait un registre-journal conservé au presbytère, puis aux Archives diocésaines. Il y notait tout, des détails "techniques", mais aussi ce qu'il pensait des uns et des autres. Les 83 pages consacrées à son ministère de 1941 à 1956 ont été dépouillées et partiellement transcrites : cf « 1941-1956 - Le journal-registre paroissial du recteur Gustave Guéguen » ¤ 

Pendant les années de guerre il harcèle les tenanciers de salles de danse pour qu'ils n'organisent aucun bal en leur faisant signer une attestation écrite et en publiant un règlement punitif qui sanctionnerait tous mariés qui feraient leur repas de noces dans un établissement récalcitrant par une cérémonie religieuse de troisième ordre « sans cloches et sans solennité ».

Pendant sa mandature, les classes d'enterrement et de mariage, font l'objet d'affiches détaillant les services religieux avec des prestations et des tarifs différenciés. L'importance du faste des funérailles est confirmée par cet extrait du journal paroissial du recteur Gustave Guéguen de l'été 1941 : « Début juillet, achat de tentures funèbres chez M. Paul de Quimper pour rehausser l'éclat des funérailles dont le tarif a été augmenté. »

Début septembre 1954, il reçoit une lettre d'un prêtre d'Issy-les-Moulineaux organisateur d'une colonie pendant l'été à Ergué, dans laquelle son caractère bougon et son dédain sont très critiqués : « Vous ne sauriez croire combien un prêtre "OURS" peut faire de tort autour de lui ».

Guillaume Kergourlay, dans son livre Le pays des vivants et des morts, évoque le personnage de Gustave officiant pendant la période de l'occupation allemande en 1941-42 :

À Kerdévot, c'est le pardon. Comme chaque année, en septembre, nous y sommes encore allés. Et les femmes sont nombreuses à compter les hommes absents : ceux dont on espère des nouvelles, ceux qui jamais ne reviendront, ceux qui sont prisonniers de guerre, ceux qui, sur des bateaux, ont fui. Triste pardon et tristes jours.

Le recteur d'Ergué-Gabéric, connu sous le nom de Gustave, essaie de nous réconforter. "En ces sombres jours de tristesse, où nous sommes tous affligés, prions notre Vierge Marie, Itron Varia Kerzevot, mamm da Zoue ! Ayons confiance en son coeur de mère, elle ne peut nous abandonner !". Dans le désarroi qu'est le nôtre, ne sachant à qui nous vouer, nous sentons bien qu'il a raison : la sainte mère de Dieu est bien notre dernier recours. Quand, pour terminer son sermon, il recommande pour la quête à chacun d'être généreux, nous trouvons cela naturel : nous savons bien que le pardon est son affaire de l'année. Mais, cette fois, comme dit ma tante de Keringard : « Je trouve qu'il exagère, à moins qu'il se foute de nous ! ».

« Surtout n'hésitez pas à donner, termine-t-il, la Vierge vous en saura gré. Si quelqu'un parmi vous, par exemple, ne veut pas que son voisin sache qu'il donne un billet de cent francs, qu'il le plie discrètement dedans un billet de cinq francs et personne n'en saura rien !. » Je ne trouve pas que Gustave exagère. Je pense qu'il a de l'humour !

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Thème de l'article : Œuvre et biographie de prêtre Création : décembre 2010    Màj : 10.10.2023