L'ancien patronage des Paotred à l'Hotel

De GrandTerrier

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Qui se souvient de ce patronage où s'entrainait la première clique de gymnastique des Paotred [1] fondée en 1919 par l'abbé Le Gall ?

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C'était une époque où le clergé local sponsorisait les activités sportives, et il n'était pas étonnant d'y trouver des statues de Vierge Marie et de saints.

Autres lectures : « Les Paotred-Dispount depuis 1913 : archives, photos, témoignages » ¤ « 1922 - Les Paotred à la fête du centenaire de la Papeterie de l'Odet » ¤ « Inauguration de la nouvelle salle de patronage des Paotred, L'Ouest-Eclair 1931 » ¤ 

Souvenirs du patronage

Le patronage inauguré en 1921 était cette grande maison de deux étages bâtie dans le quartier de l'Hôtel. Tout le rez-de-chaussée, d'un seul tenant, était réservé aux activités d'entrainement physique et aux agrès : barres fixes, parallèles, poutres, et on y accédait par la porte donnant sur la route de Coray. Les fenêtres de cette grande salle étaient décorées d'imitations de vitraux d'église.

Avant l'inauguration en 1931 du patronage de Keranna sous la coupe de René Bolloré, le patro de l'Hôtel était le seul lieu de rassemblement proposé par le clergé local pour les entrainements de la clique des gymnastes et des musiciens.

Cette clique prendra d'abord le nom institutionnel des "Enfants de Notre-Dame de Kerdévot", puis un titre plus accrocheur : les "Paotred Dispount" [1], c'est-à-dire les "Gars sans peur". Les activités étaient diverses : athlétisme, football, gymnastique, tir à l'arme de guerre, fifres, clairons, trompettes et tambours.

L'étage et le grenier au-dessus du patronage étaient occupés en hébergement de différentes familles de locataires. On a compté près de dix familles et logements distincts. Les occupants montaient chez eux côté ouest par l'escalier de 16 marches de pierres, de hauteurs inégales pour certaines. Certains anciens se rappellent y avoir glissé sur les fesses à une époque où la rambarde en fer forgé n'existait pas encore.

Histoires de statues

Le patronage était orné d'un certain nombre de statues de bois et de plâtre. Lors de la seconde guerre mondiale en 1939-45 les occupants du patronage décidèrent de cacher les statues de la convoitise des occupants, ce dans le haut d'une cheminée intérieure. Et ce n'est qu'après guerre que les nouveaux propriétaires ont redécouvert leur existence et entrepris de dégager les statues de plâtre, une statue de saint en bois polychrome et une grande statue de Vierge à l'enfant [2].

Cette dernière est toujours conservée par cette famille gabéricoise. La photo récente ci-dessus montre une vierge de facture classique, de hauteur de 1 m 40, l'arrière étant creusé et la partie visible recouverte d'une peinture blanche qui commence à s'écailler. Le bras droit de l'enfant Jésus est tombé, mais conservé précieusement.

en 1922
On a cru un moment que cette statue à l'enfant était celle des photos de manifestations sportives à l'Hôtel [3], cette statue de Vierge sur le terrain des sports utilisé par la clique des Paotred <ref name=Paotred >. Mais après réflexion, la statue en plein air abritée sous un portique de bois (cf ci-contre) ne portait pas son fils dans ses bras.

On peut voir encore aujourd'hui sur le terrain proche de l'ancien patronage le socle de pierre qui soutenait cette grande statue. La Vierge à l'enfant était quant à elle probablement exposée à l'intérieur du patronage (et de plus, son dos en creux n'aurait pas été très élégant pour une exposition extérieure).

Parmi les autres statues cachées dans la cheminée, celle du saint en bois polychrome, plus petite, fut donnée à Paul Eon, vicaire et aumônier d'Odet jusqu'en 1949, lequel de son côté la rétrocéda à une autre famille résidente d'Ergué-Gabéric. Les statues de plâtre furent par contre détruites, car abimées et dénuées de valeur.

La rétrospective des statues du patronage de l'Hôtel serait incomplète si l'on ne mentionnait pas la petite statue de Vierge à l'enfant en faïence émaillée qui orne la niche en hauteur sur le mur Est du patronage. Elle était déjà là au début du 20e siècle, et en y regardant de plus près on peut remarquer la trace d'un trou de plomb de carabine.

C'est un jeune chasseur qui, avant guerre, tira sur la statue par jeu et défi. Bien mal lui prit, car ce geste accompli il n'eut de cesse d'y penser et d'être obsédé par l'idée de punition divine.

Annotations

  1. 1,0 et 1,1 Paotred ne prend jamais de s, car en breton la terminaison "ed" est une marque de pluriel.
  2. Témoignage de Josic Huitric, menuisier et cabaretier de Pen-Carn-Lestonan
  3. Cf par exemple Festival de gymnastique des Paotred-Dispount, Le Progrès du Finistère 1922



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Thème de l'article : Richesses patrimoniales Création : Août 2010    Màj : 17.03.2024