La chapelle de Saint-André et la fontaine Saint-Jacques

De GrandTerrier

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La chapelle de Saint-André est certes de modeste dimension, mais elle n'en date pas moins de 1608, et constitue une des pièces majeures du patrimoine gabéricois.

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Les lignes ci-dessous proviennent d'un article intitulé "La Trêve de Saint-André" dans le bulletin municipal de décembre 1982 et ont été écrites par Jean Guéguen.

Autres lectures : « GUÉGUEN Jean - Treo Sant Andre, Trêve de Saint André » ¤ « Les retables lavallois et les statues anciennes de la chapelle St-André » ¤ « La fontaine de Saint-Jacques, Ouest-France 2009 » ¤ « La statue de saint André, oeuvre d'un artiste gabéricois et objet inscrit aux M.H. » ¤ « Bénédiction de la statue St-Jacques à St-André, Progrès du Finistère 1942 » ¤ 

La trêve

La trêve de Saint-André située dans le quart Nord Est de la commune englobe les 2 anciennes trêves de Kergonan et de Quillihouarn. Elle est essentiellement rurale et comporte deux importants élevages avicoles. Dès le XVe siècle des fermes s'y établirent. Dans les archives, il est fait mention des fermes de Kergoant en 1458, de Kergonan en 1539 de Kernaon en 1864, etc...

Cette trêve de Saint-André possède de nombreuses et diverses richesses :

  • Le manoir, l'allée, le moulin et le menhir de Kergonan.
  • Le trésor de Pont-Alc'huin.
  • Le moulin de Coat-Piriou.
  • Le pont et la fontaine de Saint-Alar.
  • Et plus particulièrement pour le hameau de St-André : la chapelle de Saint-André, le tumulus, la fontaine de St Jacques [1].

La chapelle

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Située dans la cour de la ferme de St André de M Rannou, cette chapelle paraît posée sur un plateau de verdure agrémenté d’auges fleuries à l’ombre de cyprès et de peupliers. Les abords de cette chapelle sont bien entretenus grâce à l’obligeance du propriétaire de la ferme qui a en outre entreposé dans un local propre et sec, à l’abri des convoitises, les vénérables statues (hélas -bien abîmées ) de cette chapelle.

De forme rectangulaire, cette chapelle est moitié gothique, moitié Renaissance avec des contreforts de style grec avec sur les angles de l’abside et deux fenêtres à une fleur de lys dans les pans coupés et côte Nord une fenêtre circulaire avec un triskell [2].

Au-dessus de la porte sud, on peut deviner cette inscription :
"CHAPELLE COMMENCEE LE 27 JUILLET 1608 A ESTE ADUNC IVSQVES ICY G ET RANNOUS FABRIC."

Plus haut sous le rebord du toit est une autre inscription, complément de la première, mais dont on ne peut lire seulement que la fin :
"1630 FAICT ACHEVER CE BATIMENT".

A l’intérieur il y a un rétable en pierre blanche (stuc) dont les colonnes, ornées de fruits, et le fronton encadrent les trois fenêtres de l’abside. Dans la maîtresse vitre, il reste un évêque en mitre et chape avec une inscription incomplète "ORA PRONOBIS 1614". Dans le rétable, deux statues en pierre blanche, Saint-André et Saint Paul Apôtre. Au haut du rétable le christ en croix entre la Sainte Vierge et Saint-Jean, les autres statues de Saint-Mathieu, Saint-Marc, Saint-Luc et Sainte-Barbe ont été comme nous l’avions dit, mises a l’abri.

Le toit de la chapelle a été refait il y a une vingtaine d’année (1966) grâce à la générosité et au dynamisme des habitants du quartier. Mais hélas !, depuis, les poutres maîtresses se sont affaissées, la rendant trop dangereuse au culte ; deux tirants de fer ont été mis en place pour éviter d’autres affaissements de la toiture et des murs.

L’intérieur de la chapelle est à l’heure actuelle dans un état déplorable. Les vitraux, non protégés, ont été brisés en maints endroits par des oiseaux dont on a découvert des corps dans la chapelle, tués sans doute par des chocs contre les vitraux. Aussi, à l'intérieur de la chapelle qui sert de nichoir, l’autel et le retable sont très souillés par les fientes d’oiseaux et le sol est jonché de paille, petits bois, plumes.

Comme tant d’autres chapelles bretonnes, celle de Saint-André a été l’objet de plusieurs tentatives de vol de statues et de mobilier religieux, mais grâce à la vigilance et a l’esprit de décision des voisins de la chapelle ces tentatives échouèrent, mais la chapelle de Saint- André et surtout son patrimoine risquent de subir dans un avenir plus ou moins proche, des dégâts irrémédiables si des travaux ne sont pas entrepris :

  • Protection des portes et des vitraux contre les oiseaux.
  • Surtout restauration des statues gravement mutilées et fortement endommagées par les vrillettes du bois.
  • Nettoyage du retable souillé.
  • En ce qui concerne le remplacement des poutres maîtresses cela soulève d’importants problèmes techniques et surtout financiers. Mais souhaitons de tout cœur, que tout soit fait pour que ce patrimoine, que nous ont légué nos ancêtres, il y a 350 ans, soit conservé en bon état.

Le tumulus

Nombreux sont les Gabéricois qui se souviennent de cette immense taupinière, ce mamelon de 4 m de haut sur 40 m de diamètre en bordure de la route de Trégourez tout de suite après le chemin menant à la ferme de Saint-André.

Au début de ce siècle, l’archéologue Pont-l’abbiste Du Chatelier signala cette butte tout d’abord comme motte féodale puis comme tumulus. II fut sans doute exploré à cette époque par le commandant De Martel archéologue amateur qui n a laisse aucune publication a ce sujet.

En janvier 1961 le propriétaire de la ferme entreprit de niveler ce champ et découvrit d’énormes blocs de granit. Ayant fait enlever ces blocs, il mit au jour un caveau maçonné en pierres sèches. Devant l’intérêt que pouvait présenter cette découverte les autorités compétentes furent alertées. La Direction Régionale des Antiquités Préhistoriques confia les fouilles de ce caveau a Mrs C.T. Le Roux, F.L. Gouletquer et J. Bourhis. Ces fouilles furent réalisées en deux périodes du 3 au 11 mars et du 16 au 23 mars 1961.

De ce caveau seule la partie Nord Est était en bon état. Il avait une forme trapézoïdale longue de 3,20 m sur 1,80 m et 1,20 m de large. Le fond de la tombe était garni d'une épaisse couche de terre et de charbon. On y trouva aussi des débris de bois (cercueil coffret ) fortement carbonisés. Le mobilier était en mauvais état.

Il comprenait un vase en terre cuite de forme biconique et des débris de bronze rendus pulvérulents par la chloruration et semblant appartenir à un objet plat, sans doute une lame de poignard. L’exploration de cette tombe a permis de la dater comme étant de l'âge de Bronze Moyen soit entre 1500 et 1200 avant notre ère.

Mais une question reste posée : Comment a-t-on pu mettre correctement en place les dalles de couverture du caveau , l’une d’elles pesait plus de 10 tonnes. Il est vraisemblable que toute une machinerie en bois a été nécessaire. Un trou de poteau de 0,25m de diamètre et profond de 0,1 m trouvé au voisinage du caveau semble étayer cette thèse ?

Et cela nous amène à poser une autre question : Saint-André n’a-t-il pas été un important lieu mégalithique ?. Le menhir de Kergonan n’était guère éloigné, dans l’autre ferme de Saint-André, celle de M. Quelven, une garenne aujourd'hui démolie s’appelait "Garn ar peulven", d’autre part M. Quelven pense que certaines auges de sa ferme auraient pu être creusées dans l’un des menhirs. Ce ne sont peut-être que des coïncidences, mais cela pourrait le laisser supposer !

Non loin de la croix Saint-André, sur le bord de la route de Tregourez, on peut voir une rocaille fleurie qui a été dressée par une partie des dalles provenant du tumulus.

La fontaine

Près de la chapelle de Saint-André, sise dans un enclos paisible, la fontaine de St Jacques [1]. C’est une belle fontaine, très simple, s’harmonisant bien avec la nature. Elle est entourée de quatre murs en pierre de taille. Elle a une forme carrée d’environ 3 m de côté.

A l’intérieur, sur 2 côtés, formant bloc avec les murs, 2 banquettes de pierres, permettant aux pèlerins fatigués et aux pardonneurs de se reposer avant et après leurs prières.

Au sommet de la niche, un départ de fût cylindrique et creux, permettant soit de servir de bénitier, soit de recevoir une croix. Du bassin, l’eau sort de terre sous la niche ou était autrefois la statue de Saint-Jacques puis se déverse dans un petit bassin d’ablutions avant d’alimenter un lavoir aujourd’hui disparu. Cette source abondante autrefois, se tarit aujourd’hui à la belle saison, des travaux de drainage ayant été effectué aux alentours.

La croix

La toponymie de ce carrefour laisse supposer qu'une croix a existé à ce croisement de route et lui a donné son nom. Il est vraisemblable que cette croix se trouvait dans la fourche formée par les routes de Quimper Coray et de Quimper Trégourez et qu’elle servait de croix de guidage aux pèlerins du " Tro Breiz ".

On pense également que des pierres de cette croix ont pu entrer dans la construction de la maison qui s'y trouve actuellement.

Nous venons de découvrir les diverses richesses de cette trêve de Saint-André, son patrimoine, ses traditions et légendes que nous ont légué nos ancêtres. Ce patrimoine rural qui embellit le site ou il se trouve, ces richesses souvent méconnues de notre terroir.

Chapelles et croix, fontaines et lavoirs, vieux ponts et fours, sentiers et points de vue, nous devons les sauvegarder car ils sont le témoignage de la vie de l’histoire du pays.

Annotations

  1. 1,0 et 1,1 Cf article « La fontaine de Saint-Jacques, Ouest-France 2009 ».
  2. Il s'agit en fait d'un quadriskell : « Le quadriskell ou hevoud de la chapelle de St-André ».



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Thème de l'article : Monographie d'un lieu-dit de la commune d'Ergué-Gabéric Création : juin 2009    Màj : 6.08.2023