Lexique de bretonnismes repérés dans les mémoires et archives gabéricoises - A

De GrandTerrier

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Right2.gifANKOU - Ankou, Ankoù, sm. : bretonnisme, l'Ankou, traduit du breton « an Ankoù », est le serviteur de la mort en Basse-Bretagne ; son rôle est de récupérer dans sa charrette grinçante (karr / karrik an Ankoù) les âmes des défunts récents. On le représente comme un squelette revêtu d'un linceul, ou un homme grand et très maigre, les cheveux longs et blancs, la figure cachée par un large feutre et tenant à la main une faux qui diffère des faux ordinaires, en ce qu'elle a le tranchant tourné en dehors. L'Ankoù est parfois — à tort — confondu avec le diable, très présent par ailleurs dans la mythologie bretonne. Anatole Le Bras a popularisé l'Ankoù par la publication de sa "Légende de la Mort". Le mot est masculin en breton ; selon Dom Le Pelletier il serait à l'origine le pluriel de « anken » qui désigne l'angoisse, la peine. Arzel Even (revue Ogam, 1950-53) propose une autre étymologie : « nk » représente l'état réduit de la racine « nek » (périr) (nekros en grec, et nec, necare en latin). 

Right2.gifAOTROU - Aotrou, An Aotrou : « le monsieur », désigne un maitre, une personne au rang social élevé, à qui on doit respect. Dans une paroisse rurale de Basse-Bretagne, seul le recteur (an Aotrou Person) et un ou deux notables biens établis avaient droit à ce titre. 

Right2.gifAVEC - Avec, prep. : bretonnisme, car traduction abusive du terme « gant » qui, en breton, est le complément passe-partout de toute forme passive. On n'est pas loin de la phrase fétiche « j'espère que ça va bien avec vous ». Exemple : « Le facteur arriva juste en ce moment et qui avait avec lui les résultats de tout le département. » (Déguignet, IT, p 393). 

Right2.gifAVOIR - Avoir, verbe : souvent en remplacement du verbe être : « elle croyait qu'au lieu de mendier j'avais resté jouer » (Déguignet, IT, p 69). En breton le verbe « bezañ » (être) peut aussi prendre le sens de « avoir » en fonction de la préposition qui suit, d'où les confusions en français entre les deux verbes. De plus la forme passive est très usitée en breton où on exprime le résultat de l'action plutôt que son déroulement. 



Notes

Wikipedia définit comme suit le néologisme introduit en 2010 par l'ouvrage d'Hervé Lossec : « Un bretonnisme désigne une tournure propre à la langue bretonne passé dans la langue française. Il peut s'agir alors d'une forme grammaticale traduite mot à mot et qui peut choquer certains francophones ou d'un mot breton passé dans le français local ».