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De GrandTerrier

Quelle jolie trouvaille ! Quel mensonge naïf et quel aveu d'incapacité ! Le mensonge surtout est flagrant. A-t-on laissé la liberté du vote aux électeurs de ce quartier ?

Au premier tour, ils sont menés au scrutin comme un vil troupeau. En échange d'un morceau de pain, on leur prend non seulement leur travail, mais aussi la liberté de penser, la liberté d'émettre leur opinion dans un des actes les plus importants de la vie : le vote.

Au second tour, ces mêmes électeurs étaient conduits jusqu'à l'urne où ils devaient montrer patte blanche, c'est-à-dire les bulletins de vote faciles à reconnaitre même pliés. Une observation a été faite, à ce sujet, au candidat « libéral » qui surveillait. Combien de ces électeurs ont pu voter selon leur conviction intime ?

Je passe sous silence les divers autres actes de pression. Je veux démontrer que la victoire partielle des républicains est due, non à un procédé singulièrement discutable, mais au bon sens des électeurs, à leur amour pour la République, à leur désir de voir les affaires de la commune confiés à des hommes capables, libres, indépendants, ne recevant de mot d'ordre de qui que ce soit.

Le correspondant du Progrès doit être nouveau venu dans la commune, sinon il aurait remarqué les progrès faits par l'idée républicaine ; il se rappellerait qu'il y a huit ans deux listes étaient également en présence et que la liste dite libérale obtenait 126 voix de majorité. Le même instituteur était là ; comme aujourd'hui, il fut attaqué par le prédécesseur du Progrès : l'Action libérale, de joyeuse mémoire. Dès cette époque, une lutte sourde a commencé contre lui et contre son école.

Quatre ans après une seule liste se présente. On craint sans doute des abstentions, car l'un des candidats les plus importants vient chez l'instituteur en question, lui demande, non de voter pour lui, mais de ne pas lutter contre lui. - Il y a trois semaines, le même candidat le menaçait publiquement de le faire partir.

Arrivent les dernières élections législatives : M. Hugot-Derville obtient 247 voix contre 209 aux deux républicains, soit une différence de 38 voix.

Ces 38 voix et quelques autres ne sont pas allées à la République contre l'instituteur. Non, les républicains les ont gagnés parmi les nouveaux inscrits et parmi les abstentionnistes aux élections législatives. Et si l'exode de beaucoup d'ouvriers de la commune vers Paris et autres lieux n'était pas aussi grand, il est fort probable que la majorité serait passée de droite à gauche.

Il n'en est pas moins vrai que les Républicains ont gagné 120 voix environ en 8 ans, soit une moyenne de 15 voix par année. Ils continueront leur marche en avant. L'instituteur cause (?) de leur succès de cette année, ne sera sans doute plus là, mais mort ou vivant il sera dans leur pensée et avec eux il criera : « Vive le Grand-Ergué républicain ! ».

Le véridique.