Rencontres filmées avec Jean Le Corre, ancien résistant et footballeur

De GrandTerrier

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Une interview filmée de 5 minutes 50 pour évoquer ses souvenirs de footballeur et de déporté.

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Autres lectures : « Jean Le Corre (1920-2016), footballeur et résistant déporté » ¤ « 1940-1945 - Groupes de jeunes résistants gabéricois » ¤ « LE CORRE Jean - Récit d'un résistant déporté » ¤ « Le coup du STO raconté par Jean Le Corre » ¤ Jean Le Corre sur le site Internet des Paotred-dispount

Présentation

Jean Le Corre est décédé le 1er mars 2016 à l'âge de 95 ans. Pour célébrer et protéger sa mémoire, les Paotred Dispount ont fait paraître sur leur site et Youtube cette vidéo des quelques rencontres récentes avec le résistant et grand footballeur qu'il fut.

Jean Le Corre évoque notamment le souvenir d'Hervé Bénéat, son ami d'enfant de foot et de déportation : « le deuxième jour qu'on a joué au foot ensemble, paf sur le pic du cimetière, crevé le ballon. » ; « Hervé et moi, on a été ensemble presque toujours, au Danemark là-bas, et aux mines de fer de Salzgitter [1] » ; « je dis à Hervé : tiens le coup, tu vas te reposer un peu maintenant" » ; « on était 1150 à y être déportés le 1er novembre 1944, et le 20 décembre 1944 nous sommes revenus à 120 seulement, sans Hervé. ».

Quant au foot, il raconte ses deux expériences marquantes aux Paotred Dispount :

  • son premier match à 12 ans, après les encouragements du curé de l'époque  : « J'ai touché le ballon une fois pendant toute la partie, parce que quelqu'un m'avait shooté dedans. ».
  • sa première et seule saison dans l'équipe officielle des Paotred : « En fait j'ai marqué assez de buts pour partir ailleurs, 69 buts je crois, et je suis parti au stade quimpérois après, on m'avait débauché. »

La Vidéo

Version grand format de la vidéo Canal Paotred mise en ligne sur YouTube.. Film et montage de Gwénaël Huitric, interview menée par Guy Le Gars.

Transcriptions partielles de certains passages ci-dessous.

Transcription

Premières parties de foot

La première fois qu'on a joué au foot, enfants du bourg, avec Hervé, c'était très bien. Mais pas le lendemain. Au cimetière il y a une rampe de fer forgé. Et le deuxième jour, paf sur le pic du cimetière, crevé le ballon. Après on a toujours été ensemble avec Hervé.

Souvenirs de déportation

Hervé est décédé en déportation, on ne sait pas de quoi il est mort, ni la date. On était 1150 à y être déportés le 1er novembre 1944. Le 20 décembre 1944 nous sommes revenus à 120 seulement, sans Hervé. De retour de Husum [2] où on était, à la frontière du Danemark.

C'était en hiver, attention. C'est dur, mais c'est bien de se rappeler de ça. Je vais dans des dizaines de lycées ou collèges, pour leur expliquer aussi ça.

Cambriolage du STO

Le jour du vol des papiers du STO à Quimper, quand j'ai pris le dernier sac, on a été surpris par l'arrivée d'officiers allemands. Le réflexe c'était de jeter mon sac et de foutre le camp. Au même moment il y en a un qui est resté pour éteindre, et l'autre officier allemand qui était à la kommandantur. En moins de temps que ça, j'ai remis mon sac sur le dos, et ils m'ouvrent le portail, ils ne savaient pas ce qu'il y avait dans le sac, heureusement, autrement ils m'auraient bien sûr arrêté. On défilait avec nos sacs devant eux, mais le contenu était mélangé, les papiers du STO et ceux qu'on était censé déménager à la préfecture.

Henri Le Gars : Après le coup du STO le premier c'était Henri Gourmelen, mon beau-père, à être pris par la Gestapo, le 17 janvier 1944. Et Vé (Hervé Benéat), jouait ce jour-là et sa photo était dans le Télégramme. Et c'est surement la dernière photo de lui vivant.

Suite de déportation

Un moment dans un camp, il y a tellement qui mouraient, Hervé était avec Jean Le Gars, un footballeur de la Phalange d'Arvor. Ils étaient tous les deux au bord du lit, moi j'étais désigné pour aller ailleurs.

Et puis je dis à Hervé : tiens le coup, tu vas te reposer un peu maintenant. Il me dit : oh non c'est foutu. Je lui dis : dis pas ça. Il me dit : de toute façon toi tu vas dans un autre camp, j'sais pas où, essaie de tenir le coup ; pour moi, et au moins que quelqu'un rentre pour dire ce qu'on a vécu.

Hervé et moi, on a été ensemble presque toujours, au Danemark là-bas, et aux mines de fer de Salzgitter [1]. On s'est suivi, c'était déjà pas mal de se suivre. Quand on trouvait des bretons, on parlait breton un peu, comme ça les allemands ne comprenaient pas.

Des buts en pagaille

Le curé, avant ce qu'il raconte, tout d'un coup, il dit : eh bien écoutez, on va aller faire un tour aux Paotred dispount. J'ai donc joué aux Paotred dispount, je devais avoir 12 ans, quelque chose comme ça.

J'ai touché le ballon une fois pendant toute la partie, parce que quelqu'un m'avait shooté dedans. Avec nous il y avait un dénommé Donnard qui était deux fois haut comme moi, on pouvait pas le passer celui-là.

Après, je suis venu jouer aux Paotred en 1937. J'ai joué une seule saison. En fait j'ai marqué assez de buts pour partir ailleurs, 69 buts je crois, et je suis parti au stade quimpérois après, on m'avait débauché. Jean Ascoët, grand buteur des Paotred, avait marqué un peu moins, 42 buts qu'il m'a dit.

Annotations

  1. 1,0 et 1,1 Salzgitter est une ville industrielle d'Allemagne, dans le Land de Basse-Saxe. La richesse des mines de fer de la région de Salzgitter, reconnue dès 1310, poussa les autorités nazies à créer le 15 juillet 1937 les Reichswerke Hermann Göring. En mai 1944 le travail forcé des prisonniers de camps de concentration fut organisé ; les trois camps qui fournissaient des esclaves à Salzgitter détinrent jusqu'à 6500 prisonniers
  2. Husum est une ville de la côte ouest du Land de Schleswig-Holstein, en Allemagne, près de la frontière danoise.



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Thème de l'article : Video sur la mémoire et l'histoire d'Ergué-Gabéric Création : avril 2016    Màj : 8.09.2023
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